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Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

vendredi 27 juin 2014

   "Comment être en accord avec soi-même" ?
                                                                                                                                                           (Question envoyé par un ami)


Lorsque je lis ta question, j'entends que ton désir est d'être en accord avec toi-même et que donc il y a une souffrance présente en toi, liée à ce désaccord. Cette souffrance équivaut à un sentiment de manque, une impression d'incomplétude. Quelque chose semble te manquer en ce moment pour que tu te sentes heureux et en harmonie avec toi-même. Et l'idée d'obtenir cette chose dans le futur stimule la question. 

Or l'accord, la plénitude peuvent-ils être éprouvés en dehors de maintenant ?

Que se passe-t-il en réalité ? Au lieu de prendre le temps d'écouter ce manque de façon tactile, ce qui peut prendre un certain temps et réveiller des nœuds émotionnels, le mental propose avec la rapidité de l'éclair des solutions miracles. Tu omets (par peur ou habitude) de prendre le temps de vérifier que les pensées qui t'apparaissent ne sont ni plus ni moins des pensées qui apparaissent dans ta Présence consciente. Ainsi tu t'identifies à ces pensées qui te parlent d'un avenir éventuellement plus radieux où tu pourrais être en accord avec toi-même à condition de trouver la clé. Et ces pensées cessent alors d'être de simples pensées, elles deviennent des croyances, des pensées auxquelles tu prêtes foi, auxquelles tu accordes u degré de certitude. Or, la pensée vient de la mémoire et la mémoire est le passé. Comment le passé pourrait-il répondre de façon adéquate à un problème qui apparaît maintenant ? La clé à un problème maintenant se trouve manifestement au cœur de l'Instant et non pas là-bas dans le futur qui est le passé et qui par définition n'existe pas.

Aussitôt que tu t'identifies au jeu fascinant du mouvement des pensées, tu oublies qui tu es vraiment : Présence consciente, Pur Sujet, en lequel les perceptions vont et viennent. Le jeu des pensées fait miroiter des solutions miracles. Et ton attention se colle à ces "pensées miraculeuses". Par habitude, par distraction. Lorsque l'attention colle à une pensée, la pensée devient croyance. Quelque chose que tu tiens pour vrai et qu'on ne remet pas facilement en question. Il faut une extrême vigilance pour constater en soi le processus même de l'identification. Il s'agit de s'éveiller à une attention non ordinaire. Or l'Évangile (au sens étymologique, "La Bonne Nouvelle"), c'est que tu es, je suis, nous sommes cette attention extraordinaire. Et que tu n'as rien à faire pour l'être. 

Comment ? En regardant dans la bonne direction. En cessant d'être distrait. En arrêtant de porter ton attention vers l'objet perçu et en retournant ton attention à 180° vers ce qui en toi perçois. Constate simplement que ce qui en toi perçoit n'a ni couleur, ni forme, ni nom, ni limite, ni début et ni fin...

Quand ? Maintenant. 

Où ? Ici. 

À la source de ton attention .

Pourquoi ? Pour la joie de ne rien être.


Si tu explores de façon tactile, sans rien chercher, si tu écoutes sans vouloir cette impression douloureuse de manque qui se présente à toi, simplement, telle qu'elle est, sans jugement, depuis cet espace conscient, tu permets que le manque s'exprime entièrement.

Le manque est toujours une émotion froissée et plissée dans le tréfonds du corps. Ce qui maintient l'émotion dans cet état de compression, et te provoque à certains moments une impression d'étouffement, ce sont tes croyances transparentes (celles à travers lesquelles tu interagis avec le monde mais que tu ne vois pas). Pour découvrir tes croyances transparentes, le masque que tu endosses pour entrer en relation avec le monde, il faut se rendre vulnérable : Quitter le vu pour voir vraiment.

Ce qui créé ce manque, ce non-accord, c'est la non écoute. La non écoute, c'est le refus. Le refus de ressentir. Tu préfères penser la vie que de la ressentir. Le refus de sentir c'est la peur. Et la peur se nourrit de notre incessante identification aux pensées qui donnent l'illusion qu'un évènement à venir, qu'un objet, qu'une solution peut-être trouvée dans le futur pour combler le manque présent ici et maintenant. Un peu comme une pièce manquante à un puzzle incomplet. Or l'Être est toujours complet. Ce n'est pas un puzzle avec une pièce manquante, un objet. L'Être est le Sujet Ultime en lequel tous les objets apparaissent et disparaissent. Ce que tu es est, avant même le surgissement de la pensée. La pensée ne peut donc le saisir.

La solution plutôt qu'une prescription est une description : vivre avec la réalité c'est à dire ressentir la sensation de peur. Complètement, entièrement. Ressentir c'est être pleinement. 

Ne pas considérer le manque en tant que "j'ai un manque" mais en tant que : "Je suis le manque".

Lorsqu'on considère le manque comme quelque chose de séparé de soi on souffre, non pas du manque  lui même mais de l'impression de séparation d'avec le manque. Paradoxe pour le mental. Évidence pour la paume écouteuse, pour le regard sans personne. Subtilité qui fait que la plupart des gens disent ressentir leurs émotions alors qu'en réalité ils ne ressentent que la résistance à leurs émotions !

Lorsqu'on s'adonne complètement au ressenti d'un manque (quel qu'il soit) en tant que "Je suis le manque", alors commence un voyage d'intensité dans l'inconnu de l'instant dont on ne peut rien dire : Le Ressenti Silence. Peu à peu le manque se consume et se fond dans le "Je suis" qui est. C'est inéluctable. Ne me croyez pas, faites l'expérience. Et voyez ce qui demeure une fois l'expérience faite jusqu'au bout. Demeure une non chose ("nothing" en anglais), un espace tranquille, ouvert, spacieux, une présence consciente qui ne peut être définie, une sensation vibrante et joyeuse d'être.

Ressentir une émotion pure est une chose précieuse en ce monde. C'est un art de vivre d'une très grande beauté. C'est comme l'éclosion d'une fleur très rare à laquelle on assiste en mode accéléré. C'est comme assister à une naissance. À sa propre naissance. À sa propre renaissance. Pour cela il suffit de découvrir à quel point tu es sans cesse en train de résister à ce qui se présente. Lorsque la résistance est vue et pleinement ressentie, alors l'émotion vraie peut enfin se déployer dans l'espace ouvert et conscient. Tu crées par ton écoute sans personne la caisse de résonance infinie qui permet enfin d'entendre les mélodies les plus indicibles de la palette des émotions. Et lorsque les résistances se dissolvent, elles se révèlent à toi sous un jour nouveau comme un feu d'artifice dans la nuit noire, révélant en se résorbant la beauté insondable de la lumineuse obscurité. Le Ressenti dissout la racine de la pensée qui est l'idée maîtresse d'être une personne séparée.

On ne connait pas une émotion mais on peut co naître en elle et avec elle. 

Tu découvriras alors que ce que tu appelais par l'imprécision de ton regard conditionné, "le manque", était en fait une harmonique lointaine de la plénitude. Car aussitôt ressentie pleinement, le manque, inévitablement se résorbe dans l'Être et la plénitude que Je suis, que tu es, que nous sommes.


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