Feel it !




Paroles et musique de Dan Speerschneider
un album pour célébrer la vie ;-)

mardi 17 novembre 2015

Le rêve de la dualité

Le rêve de la dualité 



La vie telle que nous la percevons habituellement est un rêve de dualité dans lequel toute chose possède son contraire.

Un ciel de nuages gris contient le ciel bleu et vice versa. Le visage souriant d'un nouveau né contient le visage cadavérique de l'homme sur son lit de mort. Un gland renferme le chêne centenaire déployant sa puissante arborescence. L'Homme contient le poisson et le poisson contient l'Homme. Chenille, cocon, chrysalide et papillon : tout est constante métamorphose. Nos corps humains sont littéralement composées de poussières d'étoiles. Les récents attentats de Paris nous rappellent que l'acte le plus horrible peut succéder à l'insouciance et l'insouciance reprendre vie après le carnage. La tempête contient le calme plat, le creux de la vague contient la crête. L'idéalisme généreux contient sa part de peur ou de désir transparents et donc d'égocentrisme. Je suis tantôt lâche et courageux, profond et superficiel, intelligent et borné, à l'écoute ou fermé, malade et en bonne santé, heureux et malheureux. Tout arborescence de vie est oscillation, contraction-expansion, instabilité, alternance et perpétuel tangage. La vie est un mystérieux fractal où tout fragment contient la totalité de l'univers.

N'est-ce pas justement pour cette raison que tout ceci est un rêve, une illusion ? 


Rien n'est vraiment ce que cela paraît être, aucun état n'est jamais fixe sauf dans la mémoire; et encore ! Même la mémoire sur laquelle la plupart des êtres fondent leurs vies semble vaciller au moindre choc et s'émietter dés qu'on jette sur elle la lumière d'un regard désencombré. Tout mute en permanence. Tout semble sans cesse être en train de devenir quelque chose sans jamais arriver à destination. À destination de quoi d'ailleurs ? Aussitôt qu'une forme est perçue, elle est reléguée au rang d'imaginaire et de mémoire, puis étiquetée et rangée dans les catégories de la pensée. N'est-il pas évident dans cet incessant devenir où tout est impermanence comme nous l'enseignaient le Bouddha, Lao Tseu et bien d'autres, qu'aucune forme n'existe vraiment en tant que forme définitive ? Finalement lorsqu'on la considère de près, la forme n'est qu'apparence de forme, une tentative de saisie instantanée et illusoire d'une non chose en perpétuel mouvement ou mieux, en constante création-décréation.


La forme n'est-elle justement pas qu'une illusion de durée ? N'est-il pas manifeste que c'est par distraction et manque d'attention que nous octroyons une durée aux choses mais également à notre propre identité. Nous avons pris l'habitude de faire comme-ci la forme ne changeait pas. Nous croyons que notre moi est une forme composée d'une sorte de substrat permanent, d'une entité pérenne.

Néanmoins, lorsqu'on porte une attention extrême et dépassionnée sur le phénomène du mental, de l'esprit et donc des pensées, qu'observe-t-on ?

Quand on ose enfin faire une investigation approfondie, sincère et directe on s'aperçoit que les formes mentales qui perlent et se dissipent d'instant en instant (pensées, images, mémoires, concepts, désirs, peurs...) sont en réalité totalement dénuées de pérennité et de conscience. L'entité séparée que l'on nomme moi, ce à quoi on s'identifie à tort, n'est in fine qu'une arborescence d'images et de concepts au sein d'un flux de perceptions sans durée, des apparitions distinctes les unes des autres, sans réelle continuité, n'offrant jamais aucune preuve de causalité entre elles.

Par contre, tant que l'on n'est pas pleinement attentif, dés que l'on se prend pour une entité séparée, au contrôle d'une vie individuelle et séparée du monde, un intérieur séparé de l'extérieur, pensant par elle-même ses pensées et posant des actes de façon délibérée, il est vrai qu'il semble qu'il y ait continuité. L'illusion de forme et de cohérence est tellement bien orchestrée, tout est si parfaitement agencé, que tant que l'attention ne s'est pas retournée vers sa propre source, il est impossible de sortir de l'hypnose. Voyez la fascination qu'exerce sur le spectateur les images et la saga des personnages au cinéma. Voyez avec quelle aisance nous nous identifions avec le film, son scénario et ses personnages, qui semblent avoir des formes cohérentes et fixes, une vie, une destinée, une durée, mais qui en réalité bien sûr ne sont qu'une succession rapide d'images sans vie (24 images par seconde).


Si je veux me souvenir de mon cher ami Paul Banatre, professeur d'anglais et poète mystique, mort d'un arrêt cardiaque à 55 ans dans une rame de métro parisien en mars 2012, quelle image retiendrais-je de lui ? Le père, l'ami fidèle, sa culture immense, ses penchants communistes et anarchistes, le professeur d'anglais, l'amoureux de non dualité, son génie poétique, le buveur de bonne bière devant un match de foot de l'OM ? De quel visage devrais-je me souvenir pour restituer au plus juste ce qu'était Paul ? Son visage illuminé par une douce affection lorsqu'il me parlait de sa fille ? Son visage inquiet lorsqu'il me parlait de ses problèmes d'argent et de travail ? Son visage radieux lorsqu'il évoquait la beauté cachée qu'il parvenait à faire émerger chez les gens qu'il accompagnait parfois à son travail vers plus d'authenticité ? Son visage agacé par une erreur d'arbitrage dans un match de football ? Son visage inspiré lorsqu'il parlait du mystère de la Présence ? Son visage révolté lorsqu'il vilipendait les riches et le système capitaliste ?


Quel visage retiendrais-je de lui ? Et que dire de tous ses multiples autres visages inconnus de moi mais qu'il a offert à sa boulangère, son père, sa femme, ses voisins, sa maman, son co-locataire, sa fille ? Son visage de quand il avait 5 ans, 20 ans, 40 ans, 50 ans ? Qui était vraiment Paul Banatre ? Je dois reconnaître que la réalité intime de Paul ne peut être saisie par la mémoire et ne peut être enclos dans un seul visage, ni plusieurs.

Quand je l'ai vu cadavérique, le visage tout gris et gonflé dans son cercueil posé à la verticale, le matin de son enterrement, le 15 mars dernier, qui était aussi le jour de mon anniversaire, je réalisais encore une fois avec évidence que nous sommes ce même sans forme dans lequel tous les visages vont et viennent. Quelques heures après, il était devenu poussière. La poussière, il est vrai, est sans visage. Mais la poussière qu'elle soit réelle ou imaginée est encore une chose perçue. Tandis que ce que Je suis vraiment est l'inconcevable Espace conscient dans lequel la poussière ainsi que tous les visages - celui qui me regarde dans le miroir y compris - éclosent et s'éclipsent. 

Un célèbre koan zen voyage dans tous les coins de la planète depuis la nuit des temps et interroge  le disciple : 

"Quel visage avais-tu avant de naître ?"


C'est pourquoi la mort d'un proche est toujours une chance abrupte et salutaire de réaliser la joie indicible de ne rien être. La mort d'un ami nous donne parfois l'occasion de réaliser avec évidence et intensité que nous sommes ce même mystère de Présence consciente sans forme et sans âge.
C'est une joie qui me monte des entrailles sans crier gare et qui me surprend à chaque fois lors de la mort d'un proche. Une sorte de plénitude inexplicable et presque dérangeante en ce jour où des masque de gravité et de solennité sont de mise. Une plénitude que vous avez peut-être déjà également ressenti au tréfonds de vous-même un jour d'enterrement, d'accident ou de tragédie, sans oser en parler de peur de susciter un malaise dans votre entourage ? Une plénitude presque impossible à partager en mots avec la famille ou avec les amis présents aux divers enterrements. Une complétude qui se contente d'être elle-même dans sa discrète transparence.

Un "Je sais que tu sais que je sais que nous ne savons rien" et que nous sommes ce non-savoir d'où toute forme émerge d'instant en instant. Comme si le mort, en dissolvant la forme de nos proches, nous invitait à réaliser en silence ce sans forme que nous sommes et qui à chaque instant nous anime et aime d'un amour sans nom, sans que nous en prenions vraiment conscience.

Quel cadeau les morts nous offrent ! Merci Paul. Merci à tous les autres qui nous invitent à nous souvenir de notre véritable visage, notre visage d'avant le visage. Évidemment, il n'est nul besoin qu'un proche meure pour nous rappeler que la forme n'est qu'une expression de l'Unique et du Sans Forme.

La bonne nouvelle c'est qu'il nous suffit de prêter vraiment attention à ce qui nous est donné dans l'instant. Il suffit de vous en souvenir chaque fois que vous regardez un visage là-bas depuis l'espace ouvert regarder verse le sans visage Ici. Que j'ai de la joie et de la gratitude à partager ici avec vous qui savez que je sais que vous savez cet aveu de transparence et de plénitude.

Réalisons que tout s'inscrit comme des traces dans le sable dans le lieu sans lieu de l'éternel Ici et Maintenant.


Je contiens mille personnalités, mille histoires, mille envisageables et mille visages. Ceux de l'histoire de ce corps-ci et ceux de l'humanité entière qui frémissent au cœur de chacune de mes cellules. Il m'est offert à chaque instant la possibilité d'envisager et de réaliser que ce que Je suis n'est aucun d'entre eux en particulier mais que en même temps, Je suis en intimité avec chacun d'entre eux.

Lorsque je ressens "mon" visage contracté et sérieux, c'est l'espace impersonnel sans visage qui le révèle en se révélant par la même occasion. Donc, il n'y a jamais lieu de rejeter aucun visage. Tous les visages sont bienvenus. Je les contiens tous, tout en n'étant jamais vraiment un seul d'entre eux de façon exclusive.

Il est possible de réaliser que notre impression de malaise vient toujours de l'oubli de ma nature essentielle. Je fais sans cesse comme si je savais, comme si j'étais solidement défini, comme si le monde était parfaitement cartographié, le mystère résolu et la vie déjà connue.

Il m'est permis de voir que je suis comme un pêcheur fou tentant avec ses filets de retenir l'eau d'un fleuve virevoltant.

Il m'est donné de me rendre compte à chaque instant combien je refuse  sans cesse de reconnaître l'impermanence de ce foisonnement de formes qui se forment, se déforment, se reforment et se dissolvent dans un ballet continuel et enivrant.

Il est possible de voir à quel point je refuse la vie dans sa souveraine et incontrôlable profusion.

Il est possible maintenant de réaliser combien je tente désespérément de m'aliéner à une forme particulière, combien je vénère l'imaginaire et l'icône.

Soyons iconoclastes.


Il est envisageable d'expérimenter le manège tournoyant des formes, des êtres et des expériences, à partir de la plénitude immobile de l'œil du cyclone.

Depuis cet espace immuable de Présence que je n'ai jamais cessé d'être, je réalise soudain que Je rêve tout ceci. Je suis le rêveur des formes et des êtres. Je suis le rêveur impersonnel de ce rêve d'une beauté inouïe qu'on appelle la Vie.


Et lorsque vous contemplez le rêve en réalisant que vous n'êtes pas dans le rêve mais que le rêve est en vous, vous êtes libre de tout désir et de toute peur. 

Vous faites pleinement l'expérience de l'unité avec tout ce qui se joue en Vous. 

Je suis la Vie contemplant ses propres danses.

NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype, une thérapie d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, ou une séance de réharmonisation vibratoire, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.


vendredi 13 novembre 2015

Le refoulement de l'Être


Nous prétendons souffrir de toutes sortes de refoulements. Freud insistait presque de façon obsessionnelle sur le refoulement sexuel et interprétait toutes les actions humaines au travers de ce filtre. Même l'expérience mystique relaté par son ami, l'écrivain Romain Roland, auprès d'un sage indien (correspondance) fut expliquée par Freud au travers de ce filtre réducteur. Cette vision a pu apporter un certain nombre d'éclairages à une époque où à Vienne et ailleurs en Occident l'énergie sexuelle était particulièrement taboue et bloquée, mais à un moment donné on en mesure également les limites. Celui qui refoule sa colère et donc sa violence finit également par exploser au grand jour et j'en sais quelque chose. Le refoulement de nos chocs émotionnels comme incrustés dans la mémoire de la peau, des organes et des cellules nous font parfois zigzaguer dans nos vies comme des zombies hagards et sans boussole. Nous pouvons également souffrir du refoulement de notre créativité, d'un besoin de reconnaissance, de souffrances indicibles, d'un besoin inassouvi d'amour ou d'un besoin de tendresse et de tant et tant de choses. 

Il est fort intéressant d'éclairer nos refoulements et d'en devenir pleinement conscient. Notre santé émotionnelle et mentale en dépend en grande partie. Nos relations avec nous-mêmes, les autres et le monde découlent en grande partie de ces prises de conscience successives qui sont l'étoffe de la véritable sagesse. Car au fond c'est toujours la Vérité qui guérit.

Cependant, de tous les refoulements, celui qui est la racine de tous les autres refoulements et qui cause le plus de dégâts dans nos vies est incontestablement le refoulement de notre être véritable. C'est celui dont tout le monde ou presque souffre mais que personne ou presque ne remarque. In fine toute souffrance vient toujours de la non reconnaissance de ce que nous sommes vraiment. 


On peut être obsédé par son âge et regretter sa jeunesse ou un événement qui a eu lieu dans le passé et passer le reste de sa vie à défaire et refaire mille fois le scénario. On peut se stresser à propos d'un espoir que quelque chose change dans l'avenir et construire des arborescences de pensées d'une complexité incroyable à propos de ce désir. Mais au final c'est toujours de l'oubli de l'éternelle Présence que nous sommes dont nous souffrons.

On peut être en apparence dérouté, désespéré ou fasciné par l'image de son visage dans le miroir, dans sa pensée ou la pensée imaginée des autres, mais c'est toujours de l'espace vacant et conscient au-dessus de nos épaules, l'ouverture sans visage dont nous sommes réellement nostalgiques. 

On peut croire que notre vie dépend de la réussite d'un certain nombre de choses et tenter de la maintenir dans les sillons de l'ambition et les arcanes du pouvoir, mais c'est toujours notre carapace et notre besoin de nous protéger et donc le manque de vulnérabilité et d'authenticité qui nous pèsent.

On peut se gaver d'érudition et de savoirs à tous les niveaux de l'existence et croire que cela nous donnera un sentiment de sécurité infaillible, mais en fin de compte c'est toujours dans le non savoir que vibre le chant de la tranquillité profonde.


On peut avoir la femme la plus sexy, des enfants adorables, le parcours intellectuel le plus profond, la maison de ses rêves, pratiquer le yoga et la méditation, avoir le psy le plus pertinent, le Guru le plus irrévérentieux, des amis formidables, un métier passionnant, une santé de fer, cependant, à un moment donné on rencontre inéluctablement le phénomène de la satiété que même les économistes connaissent.

Celui qui possède tout ce dont rêve les autres Hommes devra tôt ou tard faire face au vide immense de l'insipidité d'une vie basée sur la pensée bien plus que le ressenti de l'instant. Car dans l'avoir c'est toujours l'Être qui nous manque.

"Un seul être nous manque et tout est dépeuplé" disait le poète* romantique dans sa plainte égotique.

L'être nous manque et tout est dépeuplé nous dit le Jnani* dans son invitation à voir que nous sommes déjà la complétude que nous prétendons chercher dans les choses et les expériences.

NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype, une thérapie d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, ou une séance de réharmonisation vibratoire, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.


* De colline en colline en vain portant ma vue, 
    Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant
    Je parcours tous les points de l'immense étendue,
    Et je dis : "Nulle part le bonheur ne m'attend."

   Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
   Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
   Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
   Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.    (Lamartine : extrait du poème L'Isolement)

* Jnani est le mot qui désigne en Inde l'être réalisé qui a la connaissance (jnana). Sri Maharaj Nisargadatta, Ramana Maharshi ou Atmananda Krishna Menon par exemple pour ne citer que trois d'entre ceux qui m'inspirent le plus du siècle dernier.

NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype, une thérapie d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, ou une séance de réharmonisation vibratoire, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

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DQue DdDme font ces vallons, c

mardi 10 novembre 2015

Les pensées ne sont jamais un obstacle


La plupart des approches existantes d'ordre thérapeutique ou de développement personnel - avec ou sans caractère dit spirituel - s'entêtent à mettre l'accent sur la diminution du nombre des pensées pour amoindrir le stress et l'agitation. Nombreuses et variées sont les techniques qui tentent de juguler les pensées dites négatives et de promouvoir les pensées dites positives pour que la personne ait une meilleure vie. C'est ce qu'on appelle communément "la gestion du stress".

En réalité, les pensées ne constituent jamais un problème en soi. Le soi-disant problème vient de l'erreur qui consiste à croire que les pensées sont les nôtres et qu'elles nous appartiennent en particulier. La raison de notre stress et de notre agitation provient du fait que le "je" dont nous rendons responsables l'apparition ou la disparition des pensées n'existe simplement pas et n'est rien d'autre qu'une autre pensée. C'est l'idée crue que cela nous appartient qui crée le malaise. Le malaise que l'on ressent corporellement vient toujours du fait que l'on prête foi à une idée erronée. Le corps n'aime pas le mensonge même celui qui se réalise avec le consentement du Grand Prestidigitateur Lui-même.


Comment est-il possible de le réaliser ? Permettez simplement qu'une attention soutenue -neutre et bienveillante - accueille le soi-disant "moi" vers lequel les pensées semblent pointer. Puis, demeurez quelques instants dans cette observation d'explorateur scientifique qui ne cherche à défendre aucune cause, ni aucun point de vue. 

Il se peut que pendant cette veille les pensées vous suggèrent d'aller regarder un film, de lire un livre, de vous rappeler d'appeler un ami, que cela ne sert à rien, que de toute façon le "moi" existe bien, que remettre cela en question est ridicule, que c'est trop mental ou intellectuel. La pensée essaiera peut-être pendant cette simple vérification pleine de bon sens de vous jouer son habituel tour de passe passe, en vous persuadant qu'il est temps d'aller dormir ou de s'atteler à une activité bien plus intéressante. La pensée fait son boulot en essayant de vous distraire. C'est de bon ton. Mais pour une fois, vous ne vous laissez pas distraire et permettez au prétendu "moi", penseur de vos pensées d'apparaître en toute innocence au sein de l'attention neutre et bienveillante que vous offrez sans compter pour le "besoin" de la Vérité elle-même.

Que se passe-t-il ? Rien. Ô miracle ! Serait-ce possible que cette histoire de moi pensant les pensées soit un canular, une mauvaise blague, un scénario sans acteur et sans auteur ? Voyez par vous-même ce qu'il en est ? Vous êtes votre propre autorité, la seule autorité qui compte lorsqu'il s'agit de faire une expérience authentique et directe.

Réalisez que le mirage d'un " je pensant" ou d'une prétendue entité séparée ne peut en aucun cas soutenir ce regard sans personne. Sous la lumière de la pleine conscience, le fantôme du moi se dissout aussitôt, révélant par la même occasion qu'il n'avait jamais vraiment existé. 




Vous avez toujours été le sans forme accueillant la forme de tout ce qui apparait dans l'instant, y compris la pensée "moi".

Vous n'avez jamais cessé d'être la Présence consciente, au sein de laquelle le monde (perceptions), le corps (sensations-émotions) et le mental (flux de pensées) naissent et meurent.

Le secret de toute révélation se trouve dans l'honnêteté* du regard. Le trésor que nous sommes se révèle toujours dans l'intensité d'une attention impersonnelle.

NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype ou une séance d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

Si vous voulez vous inscrire pour les rencontres non duelles (sur la base d'une participation en conscience) qui ont lieu de façon bi-mensuelle à chez moi dans le 19e à Paris, écrivez-moi un sms sur le numéro ci-dessus.


Ce doigt pointe justement vers notre absence de visage, notre absence d'entité séparée,  notre parfaite absence de penseur pensant les pensées...
Ce doigt pointe vers le lieu sans dimension de l'étonnement d'être, ce en quoi tout prend forme.

* Le mot honnêteté est ici utilisé sans connotation morale mais entendu comme un regard non encombré de mémoires et de préférences, un regard ouvert, sans préjugés, sans angle mort, sans attente et sans cause.

dimanche 1 novembre 2015

Petit rappel au Soi

"Par orgueil je refusais le bonheur de l'amour. Et je subis le châtiment de l'orgueil" (Hallaj)


Avant de faire une expérience, quelle qu'elle soit, il est nécessaire d'être. Pour faire une expérience, comme celles (dans le désordre) de déguster un toast grillé au miel de lavande, tirer un pénalty sous la pluie en finale d'un tournoi de benjamins, donner naissance à un bébé toute seule sur le siège avant de sa voiture, caresser un chat angora ronronnant mélodieusement en son giron, se sentir amoureux pour la première fois, se faire tirer dessus par une kalachnikov à la terrasse d'un café ou se demander après une énième dispute conjugale si la vie vaut la peine d'être vécue, JE dois être présent à cette expérience, JE dois en être conscient, sinon je ne pourrais pas affirmer que je fais ou vis cette expérience.

Je peux affirmer que je suis malheureux, désespéré, chanceux, malchanceux, pas assez comme-ci, trop cela, content, rassuré, ennuyé, ceci ou cela. Bien sûr, mais avant d'être malheureux, triste ou désespéré, chanceux, malchanceux, content, rassuré, ennuyé, ceci ou cela, il faut déjà être ! JE SUIS avant d'être malheureux, désespéré, chanceux ou rassuré.

Avant que vous ne perceviez et lisiez ces lignes vous devez être en train d'être. Non ?


De même, pour que le monde m'apparaisse par le truchement des perceptions et donc des cinq sens, il faut que Je sois présent à ces perceptions, que j'en sois conscient. Je peux affirmer que la vie est merveilleuse ou injuste, que les gens sont surprenants ou bizarres, que l'avenir est rose ou morose, que la planète bleue est belle ou que nous sommes en train de la détruire, mais avant d'expérimenter, d'imaginer ou d'affirmer quoi que ce soit, il faut surtout que Je sois. 
Pour que le corps m'apparaisse en tant que corps, il faut que Je sois présent aux sensations-perceptions et au schéma corporel (pensées) qui l'étiquettent comme corps et me le fassent expérimenter comme tel. Pour que le mental et son flux de pensées soient, Je dois en être conscient. 
Ainsi, lorsque l'on prend quelques instants pour se rappeler à ce qui est évident mais que presque personne ne remarque jamais, il est évident, et ce même pour un enfant de sept ans, que le monde, le corps et le mental apparaissent et disparaissent au sein de cette Présence consciente que Je suis.

En gros - attention on va écrire quelque chose d'inadmissible pour la plupart des gens, bouchez donc vos oreilles ou fermez votre œil unique si cela est trop insupportable à lire et surtout à réaliser pour le moment : 

"Pour que l'Univers soit, il faut que Je sois. JE précède l'Univers."

Réaliser cela n'est rien moins que de s'éveiller à la plénitude absolue d'être la cause ultime de tout ce qui est. Je suis la cause sans cause de tout ce qui est. En général, rares sont les êtres qui osent affirmer ce genre de choses. Car, à y regarder de près, cette sorte d'affirmation semble nous confondre avec quelqu'un d'autre dont on nous a bassiné plus ou moins pendant toute notre vie, quelqu'un de très très éloigné de nous, quelqu'un d'absolument étranger et totalement différent de nous. Quelqu'un dont la demeure est le Ciel et que l'on a affublé du nom de Dieu, mot aux étymologies très diverses selon les langues et qui suscite en général une impression de distance et de séparation absolues. 


Or, réaliser que Je suis l'éternel Maintenant dans lequel tout apparaît et disparaît est l'Éveil à ma Réalité Ultime, immédiate, transcendante et immanente à la fois, paradoxale peut-être, et pourtant, si évidente que personne ou presque n'ose le réaliser. En réalité il n'y a jamais personne qui s'éveille : l'impression même d'être une personne ne fait en réalité qu'apparaître et disparaître au sein de ce Je présent et conscient qui précède toute chose. Ce n'est que lorsque le mirage du sentiment d'être une personne s'éclipse que l'évidence de ne rien être et de tout contenir nous submerge.

Je Suis - Être - est une non-expérience faite par personne. Contrairement à la croyance transparente de 99% des gens, Je n'a pas de caractère individuel ou personnel. Notre véritable Je n'a pas de substrat objectif. C'est un vécu ultime das lequel aucune division n'est ressentie. "Je Suis" sont en réalité deux mots qui pointent vers une réalisation totalement impersonnelle. On pourrait dire qu'Ici, Je et Suis sont en quelque sorte synonymes et pointent tous deux en tant que mots vers le même mystère, le même étonnement d'être. Je qui est en train d'être n'est pas un "je" séparé et enfermé dans un sac de peau à forme humaine, mais l'Être Suprême Lui-même (en personne, lol). La Présence consciente réalise sa propre présence consciente d'être consciente. Toute chose naît et meurt en ce Je. Rien ne peut exister en dehors de Lui.


Ce petit rappel à Soi qui consiste à réaliser que le fait d'être précède tous les attributs et que par conséquent le pur Je Suis, le sentiment étonnant d'être présent et conscient qui est lui-même sans attributs, sans limites, sans dimension, sans couleur, sans forme, sans poids, sans âge, sans mouvement, sans son, sans pensés, sans désir et sans peur, sans problèmes et sans intention, est le Miracle des miracles au cœur de notre Vie. 

Cette reconnaissance sonne le glas de l'identification illusoire avec les attributs (ceci ou cela) et révèle avec force notre véritable identité : Être. Reconnaître que ce que Je suis c'est simplement être, nous fait coïncider avec la Vie elle-même et nous pousse à dire des choses aussi monstrueuses que par exemple, Je suis le Brahman*, Je Suis l'Absolu ou Je Suis la Vie. L'évidence affuble alors soudain mon identité profonde de majuscules. Lorsqu'on demanda à Sri Maharaj Nisargadatta comment il s'éveilla, il répondit que son maître lui avait dit qu'il était l'Absolu et qu'il l'avait cru ! Il disait souvent : "Vous êtes l'Absolu mais vous ne le réalisez pas."


Lorsque Mansour Al-Hallaj, ce merveilleux poète mystique soufi, né vers 857 à Bagdad fut submergé par l'évidence de n'être rien et coïncida avec la Vie, il ne put qu'énoncer cette évidence que par ces mots désormais célèbres : "Ana Al Haqq" : Je suis la Vérité.
Hallaj finit, après 9 ans de procès et de valses hésitations de la part des autorités, par être condamné à mort pour blasphème après d'atroces tortures pour cette parole scandaleuse*.

Ça me rappelle d'ailleurs quelqu'un au sort similaire qui, huit siècles plus tôt énonça : "Je suis le chemin, la vérité, la vie". (Jean 14.6.)

Lorsque vous avez touché en vous même la Vérité la plus profonde de votre être, il n'est plus possible de parler de Dieu de la même manière. Dieu (la Vérité, la vie, l'Absolu) s'est révélé à vous en tant que Vous-même. Ce n'est pas que la personne soit devenue Dieu ce qui serait une véritable hérésie, une folie même, c'est la vague qui se reconnaît comme non séparée de l'Océan, le mirage de la personne ou de la pensée qui soudain se reconnaît comme non séparée du Soi.

Comme nous le dit maître Eckhart (1260-1328) dans son merveilleux poème :

"Ô mon âme !
Sors ! Dieu entre !
enfonce le quelque chose qui est tien dans le rien de Dieu !

Ce vers quoi nous pointons ici, nul besoin de le crier en prime time sur TF1* sous peine d'être condamné pour "Shirk"*. C'est ultime mais intime, comme un secret ouvert qui nous fait signe en permanence et qu'on fait mine d'ignorer. 

La Conscience qui n'a pas pas besoin de porte voix se rappelle à elle-même en son propre Silence.



* Réaliser que "Je suis le Brahman" est l'invitation essentielle des Upanishad et de Shakarasharaya
* Certaines paroles sont risqués à prononcer publiquement. Ils peuvent ébranler la "foi" dans la religion, l'état, le système de croyance collectif, voire égarer certaines personnes nullement préparées à les recevoir (voir attentats de Charlie Hebdo ou du cinéma de St-Michel pour la "Dernière tentation du Christ" et autres...). Ce qu'éprouve un être au cœur de l'expérience la plus intime ne peut être partagé (compris ou/et entendu) par tout le monde. Comme nous le rappelait Desproges, on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui. Ce qui n'a pas empêché Mansûr de sourire lors des supplices atroces qu'il eut à subir avant sa mise à mort. 
Rûmi, le grand poète et mystique soufi nous rappelle que : "Lorsque l'amour de Hallaj pour Dieu fut sans limites... Il dit : "Je suis la Vérité, c'est à dire : Je suis anéanti, Dieu seul rest. C'est là une extrême humilité parce que ce cri signifie : "Lui seul est"... C'est pourquoi Dieu a dit " Je suis La Vérité". Étant donné qu'un autre que lui n'existait pas et que Mansûr était anéanti, ces paroles étaient de Dieu. 

* À une invitation pour l'amener en voiture et parler aux gens d'un village, Nisargadatta Marahaj répondit : "Est-ce que quelqu'un saura comprendre ce genre de discours, ce vers quoi je fais route ? Ce qu'on a fait au Christ on pourrait me le faire aussi, parce que le Christ s'est mis à révéler les faits, la vérité. Comme mon discours se situera au-delà de leur capacité de compréhension, une partie de l'auditoire pourrait être bouleversée et dérangée. Ces gens diront : "À quoi bon, finissons-en avec lui." C'est parce que mon guru (Shri Siddharameshwar Maharaj) me l'a demandé que je fais ceci, que je participe à ces entretiens. quand je serai dans ce village, je devrai parler de Dieu et de la pureté; je dois adopter l'approche de la dévotion. Si je tenais le même genre de discours qu'ici, personne ne pourrait me comprendre." (Extraits du dernier livre d'entretiens "l'Ultime Guérison" avec Nisargadatta, publié chez Almora).

* Identification à Dieu et donc blasphème.

Ce doigt pointe vers ce que vous êtes vraiment dans l'instant : pure vacuité sans forme et sans dimension, transparence consciente d'être consciente, accueillant avec bienveillance le monde, les couleurs, les formes, ce texte et cette photo, l'ordinateur et tout ce qui apparaît... Comme vous pouvez le réaliser dans l'instant la Voie Directe est discrète. Il suffit de regarder dans la bonne direction. Quand le sage pointe la lune, l'idiot regarde le doigt nous dit un proverbe chinois. Il suffit de cesser de regarder le doigt et de réaliser ce vers quoi il pointe... De laisser le doigt et toute forme d'ailleurs nous regarder, et réaliser que nous sommes le sans forme en quoi toute forme apparaît, sans commentaires...


NB : Pour ceux qui sont intéressés par un accompagnement individuel non-duel à Paris ou par Skype, une thérapie d'accompagnement psycho-corporelle pour laisser éclore les émotions bloquées, ou une séance de réharmonisation vibratoire, veuillez me contacter au 06 63 76 90 81 ou sur mon mail : adnnn1967@gmail.com

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